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L’habitat participatif prend racine à La Cartoucherie

 

Par Régis Godec, Conseiller municipal et métropolitain /

Comment concevoir un écoquartier à la place de ses habitants ? Toutes les démarches de développement durable se confrontent à cette interrogation. On a beau avoir les meilleures idées du monde, la question centrale reste celle des comportements des futurs habitants et des usagers, dans un type de quartier qui se veut exemplaire.

Voilà pourquoi, il y a 10 ans, alors que j’étais adjoint au Maire en charge des écoquartiers, j'avais proposé que chaque projet intègre les futurs habitants et usagers dans la démarche de conception pour favoriser leur implication. Dans mon esprit, les questions qui concernent l’avenir du quartier trouveraient ainsi des réponses citoyennes portées par les futurs usagers des services publics, des espaces publics et des logements eux-mêmes.

 

Pour concrétiser cette volonté, nous avions décidé qu’une proportion de 10 % des logements seraient réalisés sous forme d’habitat participatif. Cette méthode permet l’implication en amont des futurs habitants, qui conçoivent eux-même leurs logements et décident de réaliser des espaces communs en fonction de leur mode de vie. Plusieurs formes juridiques sont possibles et plusieurs niveaux d’implication des habitants existent, mais le principe reste le même : inventer de nouvelles manières de vivre ensemble et d'entrer en relation au sein de son immeuble et de son quartier.

 

Ces graines ont germé, et en ce début d’année 2018, les premiers habitants de 2 projets d’habitat participatif s’installeront dans leur logement, à La Cartoucherie. Marquant ainsi l'épilogue de la plus ambitieuse opération de ce type jamais réalisée en France.

 

Le programme des 4 vents comportera 88 logements fruit de deux opérations distinctes : l’une de 71 logements réalisés par l’opérateur social Les Chalets, et l’autre de 17 logements conçus par les habitants regroupés au sein d’Abricoop, une coopérative d’habitants.

 

Pour cette deuxième opération, les habitants sont allés au-delà des objectifs définis dans l’appel à projet que nous avions lancé en 2013. Le bâtiment est exemplaire sur le plan écologique et de la consommation énergétique, il intègre des chambres d’amis collectives, une buanderie, une salle polyvalente, un garage à vélos et des rangements communs. Les habitants ont décidé collectivement ,et de manière consensuelle, de mettre en place des dispositifs solidaires afin de permettre aux moins fortunés d’intégrer le projet et de garantir la mixité sociale et intergénérationnelle.

 

Enfin, ils ont opté pour le statut coopératif, le plus engageant en terme de solidarité, et ils ont mis en place des clauses antispéculatives pour limiter la hausse du prix de l’immobilier.

Abricoop

 

Un projet exemplaire à tous points de vue, qui a initialement rencontré beaucoup de réticences des opérateurs et de certains services techniques, mais dont le succès et l’intérêt confirment les intuitions de départ.

 

Ce projet a été rendu possible grâce à l’implication d’acteurs locaux très déterminés : le bailleur social Les Chalets, l’association Faire Ville animée par Stéphane Gruet, mais aussi le collectif de la Jeune Pousse devenu aujourd’hui Abricoop.

Groupe Les Chalets

 

Mais reconnaissons également que la volonté politique de la collectivité locale est déterminante dans ces processus, et sans le lancement d’un appel à projet pour la Cartoucherie en 2013, cette initiative serait restée à l’état de projet.

 

Sur ce point, la ville de Toulouse et la Métropole ont été en pointe durant le précédent mandat. Ainsi en 2010, nous faisions partie des collectivités fondatrices du Réseau National des Collectivités pour l’Habitat Participatif. En 2011, avec ma collègue Thérèse Pichon (élue de Balma), nous apposions la signature de la collectivité sur la Charte des collectivités locales. Et en 2013, nous lançions un appel à candidatures pour constituer les premiers groupes d’habitants.

 

Aujourd’hui, malgré les déclarations favorables de la municipalité en place, nous assistons à un recul de la collectivité sur le soutien à ce type de projet. Les collectivités ne sont plus membres du réseau national, et surtout aucun projet nouveau n’a été initié… La Cartoucherie compte aujourd’hui 1300 logements habités ou en cours de réalisation, mais aucun projet d’habitat participatif n’a été lancé dans la Métropole au cours des cinq dernières années. Espérons que cela changera d'ici la fin du mandat de Monsieur Moudenc.