Accueil Actualités Le château de la Mounède, un lieu culturel à l’abandon

Le château de la Mounède, un lieu culturel à l’abandon

RGPar Régis Godec.

 

Un carrefour des cultures incontournable de 1994 à 2009, au sein d'un parc arboré de Basso-Cambo…

Le château de la Mounède a été un phare des musiques du monde pendant 15 ans. Il s'était fait une place dans le paysage culturel national par sa programmation et sa politique de soutien aux nouveaux talents. Il était également un lieu de restauration pour les habitants et salariés de la zone de Basso-Cambo. Malheureusement, si ce site a bénéficié du soutien de la municipalité pour son activité et sa programmation, les investissements pour la mise en conformité avec les règles d'hygiène et de sécurité n'ont pas été réalisés dans les temps. Conséquence logique : en 2009, le lieu est fermé le temps de lancer des travaux. Ceux-ci seront réalisés sous le mandat de Pierre Cohen pour permettre l'émergence d'un projet de salle de spectacles en complémentarité avec la programmation de la salle le Metronum qui sera finalisée à Borderouge en 2013.

Pendant ce temps, l'association en charge de la gestion du lieu a été soutenue pour une activité « hors-les-murs » qui a contribué à la création culturelle dans les quartiers populaires. Le festival Niglo consacré aux musiques tziganes en fût une concrétisation en 2009. Un retour aux sources pour cette association qui s'était constituée sur l'élan du festival « Racines » qui a marqué les esprits par son travail social et culturel dans le quartier de la Reynerie.

Deux années d'attente de Jean-Luc Moudenc pour un projet qui va droit dans le mur…

La nouvelle équipe municipale hérite donc en 2014 d'une salle de concert rénovée et entièrement opérationnelle. La municipalité conduite par Jean-Luc Moudenc peut alors décider d'ouvrir le lieu en régie municipale ou de rechercher une structure capable de le faire fonctionner.

Malheureusement, il faudra deux ans pour choisir entre ces deux options et ce n'est qu'en mai 2016 que la municipalité dévoile son projet en publiant un appel à projets pour une structure qui serait en situation d'assumer la gestion du site.

«  La ville de Toulouse n’apportera aucune autre aide, ni financière ni en nature. » (extrait de l'appel d'offres municipal)…

En lisant ce document (à télécharger ci-dessous), on comprend que la vision municipale des lieux culturels a changé depuis 2014. La Mairie demande aux porteurs de projets d'assumer à 100 % la programmation culturelle du château de la Mounède sans y apporter le moindre soutien financier. Pire, elle demande à l'association d'assumer tous les investissements qui seront à réaliser sur le site et prévoit de récupérer ces investissements au terme de la convention. Enfin, la collectivité se réserve le droit de percevoir une redevance liée à l'exploitation du lieu et prévient les candidats que cet aspect de leur dossier de candidature sera examiné avec attention pour se voir confier la gestion du site.

On voit ici comment l'équipe municipale en place conçoit le service public... On oublie le projet d'un établissement culturel soutenu par les collectivités locales pour les missions d'intérêt général qu'il remplit, on y préfère un projet économiquement rentable pour les deniers publics.

Quelle structure peut se permettre d'investir et de dégager une redevance pour un projet culturel à la Mounède ?

Malheureusement, il y a des réalités que l'on ne surmonte pas et il sera difficile pour une association de faire vivre un site comme celui de la Mounède sans soutien public et en s'acquittant d'une redevance pour la collectivité.

Sans vouloir jouer les Cassandre, je crains personnellement que la Maire devra fasse le choix de modifier ses ambitions financières et d'abandonner sa demande d'une redevance annuelle, ou se retrouve face à un appel d’offres infructueux.

Espérons, pour l'intérêt de la dynamique culturelle, pour la nécessité de mettre en valeur ce site arboré et offrir une offre de restauration agréable dans le quartier, que ce sera la première option qui sera choisie.

Une programmation culturelle qui s'oriente vers des partenariats privés sans projet en direction des publics.

L'approche strictement comptable qui semble prévaloir sur ce dossier révèle une orientation politique nouvelle au Capitole. Une illustration nous en est donnée en 2016 avec deux événements populaires qui se sont soldés par des partenariats pour la diffusion de stars du show-business. D'un côté la fête de la Musique, organisée en partenariat avec France 2 et avec l’absence totale de la nouvelle scène musicale toulousaine. De l'autre, les manifestations du 14 juillet, pour lesquelles la municipalité a décidé de signer un contrat avec la tournée NRJ, à la place des concerts populaires et conçus spécialement pour Toulouse qui sont organisés depuis 2009. Les artistes locaux y avaient une place spécifique en association avec des stars nationales de la chanson française.

Une réorientation politique en matière culturelle est bien en cours au Capitole, et elle ne témoigne ni d'une grande réflexion sur le soutien à la création locale, ni d’une grande exigence en matière de programmation musicale...

Télécharger l'appel à candidatures Mounède