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Parkings : la politique d’ecomobilité sur une voie de garage

Par Régis Godec

JeanRG-Luc Moudenc a décidé de confier la gestion des parkings de l'agglomération à une société privée, le groupement INDIGO dans lequel la société Vinci est présente, et qui rafle la mise à l'issue d'un appel d'offres lancé par Toulouse Métropole.

Le 17 février 2016, je suis intervenu en conseil métropolitain au nom des élus écologistes, pour expliquer pourquoi cette décision était dommageable pour la mise en œuvre d'une politique d'écomobilité sur le territoire et pour proposer une alternative.

Il s'agit en effet d'un choix idéologique de l'équipe de Jean-Luc Moudenc, qui n'a pas su renouveler son approche de la question du stationnement, en confiant le pilotage de ce dossier à Pierre Trautmann, l'ancien DGS de la Ville de Toulouse qui a géré ces dossiers dans les années 80 et 90...

En effet, actuellement, la plupart des métropoles font d'autres choix et confient la gestion des parkings souterrains à des opérateurs publics. Ainsi en France, 27 Entreprises Publiques Locales gèrent le stationnement hors-voirie. C'est le cas par exemple à Lyon, à Nantes, à Paris, à Strasbourg et à Montpellier ...

C'est le signe d'une évolution des compétences publiques sur le sujet et la garantie d'une transparence financière.

Notons à ce sujet que la concession passée avec Vinci se termine par un contentieux financier de près de 4 millions d' Euros qui fait l'objet d'une contestation auprès du Tribunal administratif. Malgré cela, la collectivité fait le choix de confier un marché de plus de 20 ans aux mêmes opérateurs.

D'autres choix étaient possibles, et notamment celui de confier le marché à un opérateur public tel que la Société pour la Mobilité sur l'Agglomération Toulousaine (SMAT).

La SMAT pourrait par exemple organiser des services d'intermodalité, développer les modes actifs, le covoiturage, l'autopartage dans les 37 communes de l'agglomération.

La logistique urbaine pourrait être organisée par la SMAT, et favoriser l'organisation des livraisons dans le centre-ville pour éviter les kilomètres inutiles et les encombrements générés par ces activités.

Cet opérateur aurait pu se voir confier également la gestion des parcs de stationnement de Tisséo. Car ces parcs sont saturés aujourd'hui, par absence de dispositif de gestion et non par manque de capacité. Une métropole qui avance et qui se montre à la hauteur de ses ambitions sur l'écomobilité doit se doter d'un opérateur public compétent sur ce sujet.

Le mensonge des 100 millions d'Euros supplémentaires

 

Depuis l'annonce de cette délégation de services publics dans la presse, et avant-même son approbation par les élus de Toulouse Métropole, Jean-Luc Moudenc clame à qui veut l'entendre que cette concession permettrait de consolider le financement de la 3ème ligne de métro.

Ces déclarations relèvent d'un enfumage assez stupéfiant.

En vérité, ces parkings ne sont pas nouveaux et il n'y a pas de raison particulière pour que des recettes nouvelles soient générées par leur exploitation.

Ils génèrent déjà chaque année plus de 2,2 millions d'Euros pour la collectivité.

La nouvelle concession permettrait au mieux de porter cette rémunération à 5 millions d'Euros par an (sur la base d'une estimation de fréquentation sur plus de 20 ans).

Les recettes supplémentaires seraient alors au mieux de 2,8 Millions par an.

Ce sont des recettes supplémentaires potentielles et qui ne seront perçues qu'au cours de l'exploitation, donc en 2055 pour certaines d'entre elles.

Comment faire croire que ces recettes permettraient de consolider le plan de financement de la 3ème ligne de métro ?

Ces recettes nouvelles méritent donc d'être relativisées. Et rappelons que la hausse de la fiscalité Entreprise sera de 20 millions d'Euros en 2016, et la hausse de la Fiscalité Ménage de 27 Millions en 2016. A cette occasion nous n'avons pas entendu Monsieur Moudenc claironner qu'il avait trouvé des millions d'Euros dans la poche des contribuables, et qu'ils seraient affectés à la troisième ligne de métro...

Il est par ailleurs paradoxal de faire reposer le financement des transports en commun sur la fréquentation des parkings au centre-ville de Toulouse...

Les recettes sont calculées sur la base d'un chiffre d'affaires estimé, et la collectivité mise donc sur une forte augmentation de la fréquentation de ces parkings.

Une belle opportunité manquée en vérité par la collectivité, et qui démontre l'absence de vision politique de l'équipe en place actuellement.